Sur les images tournées lors de la fête de l'école Marie Popelin, des élèves de primaire coiffés d'un keffieh dansent sur la chanson "My Blood Is Palestinian", deux symboles de la résistance contre l'occupation israélienne. Derrière la publication de cette vidéo sur les réseaux sociaux, on retrouve Ridouane Chahid (PS), ancien bourgmestre faisant fonction d'Evere et actuel président de son conseil communal.
La séquence a été épinglée par le président du MR, qui dénonce "l'instrumentalisation des enfants à des fins politiques". Un avis partagé par Alexandre Larmoyer, chef de groupe au MR d'Evere. "Monsieur Chahid tient actuellement une communication très orientée sur le problème palestinien. Filmer et publier uniquement cette partie-là de la fête est un acte politique. Je pense aux enfants, aux professeurs et à la direction qui ne portent pas nécessairement ce même message", commente-t-il.
"Ni plus ni moins qu'un hommage"
Interrogé sur ses intentions lors de la publication de cette vidéo, Ridouane Chahid dément. "Le thème de la fête était 'autour du monde'. Il y a aussi eu Cuba ou encore l'Afrique du Sud, mais j'ai publié cette partie parce que c'était ni plus ni moins qu'un hommage aux enfants palestiniens. On confond deux choses : ce qu'il se passe aujourd'hui en Israël et en Palestine, et un spectacle d'enfants. On essaie de faire croire qu'il s'agit de prosélytisme dans une école. C'est totalement faux." L'élu socialiste d'ensuite accuser le MR d'instrumentaliser le débat, pointant son "incapacité à produire des résultats sur ses politiques dans les différents gouvernements".
Ridouane Chahid n'aurait donc pas anticipé l'ampleur qu'allait prendre cette vidéo. "Elle dure 12 secondes. Je n'étais pas dans la cour de l'école en tant qu'élu mais en tant que parent, parce que mon fils participait à la fête de l'école. Je n'étais pas au courant de la teneur de ce spectacle. Je l'ai découvert le samedi, comme tout le monde", assure-t-il. Pourquoi l'avoir alors supprimée par la suite ? Par respect pour les enfants, répond le socialiste. "Quand on agrandit l'image, ils sont reconnaissables. Je n'avais pas envie qu'ils soient au cœur d'une polémique alors qu'ils n'ont rien demandé."
Georges-Louis Bouchez a réagi à la polémique sur les réseaux sociaux
Un appel à l'apaisement
Accusé de bafouer la neutralité de l'école et de l'État par Georges-Louis Bouchez, Ridouane Chahid se défend une fois encore. "En décembre, le bourgmestre MR d'Uccle a organisé la fête Hanoukka devant la maison communale, privatisant l'espace public pour une fête religieuse. Là, ça n'a dérangé personne. Mais n'est-ce pas mettre en danger la neutralité ?", s'interroge-t-il.
Qu'il y ait eu une intention ou non dans le chef de l'élu socialiste, le libéral Alexandre Larmoyer appelle à l'apaisement des tensions. "La situation est horrible, il faut le souligner : des écoles bombardées, des familles décimées, mais on ne peut pas cliver notre société comme ça. Il y a une forme de surenchère et là, on est allés trop loin", dénonce-t-il. "Quand on a des responsabilités de député fédéral, de président de parti ou de région, nos mots pèsent. Il faut faire attention aux actes politiques que l'on pose pour ne pas en arriver à des situations comme celle-ci."
Une mission d'inspection a été lancée à l'école Marie Popelin afin d'évaluer si les règles de neutralité politique et religieuse ont été respectées.