Les valeurs de notre identité ou le fondement d’un projet de société
Quand j’ai lu le programme de la Foire musulmane de ce mois de novembre, je me suis demandé ce que signifie réellement le mot "valeurs ». En effet, l’invité ultra conservateur, Tariq Ramadan, y présentait une conférence intitulée « L’islam dans un monde en mutation : valeurs et résistances » qui s’est suivie d’une réponse tout autant conservatrice du Parti Populiste (PP) criant à l’identité nationale et scandant la séparation européenne des religions et de l’Etat (ah bon ?).
En convenant du caractère détestable des propos des « personnalités » susmentionnées, je me suis posé plusieurs questions : Qui sont-ils pour définir des valeurs communes et surtout de les choisir à ma place ? Les valeurs et l’identité ne sont-elles pas des images du passé ?
Le débat d’aujourd’hui et de demain ne porte-t-il pas sur les fondements qui régissent notre civilisation et le projet de société qui rassemble notre population hétérogène ? Voici comment j’en situe les différences :
L’identité belge, régionale, provinciale, communale, d’un village, d’un quartier, d’une rue, les valeurs d’une religion, d’une société, d’une famille, d’un cercle sont des facteurs d’intégration, d’acceptation communément établis pour bon nombre d’entre nous. Les différents mouvements européens de régionalisation en sont des exemples probants.
Sans faire preuve d’angélisme niais sur une communion collective des esprits et des mœurs, mais en posant la réalité que représente la somme d’individus, différents par nature, que compose notre société, nous devons définir, dans un esprit progressiste, un nouveau projet de société et refuser ce repli sur soi.
Dans cet esprit, j’ai cherché la définition du mot « valeur » et j’ai trouvé dans le Larousse en ligne l’explication suivante: « Ce qui est posé comme vrai, beau, bien, d'un point de vue personnel ou selon les critères d'une société et qui est donné comme un idéal à atteindre, comme quelque chose à défendre ».
Nous ne pouvons nier l’évolution naturelle et humaine des « valeurs ». C’est pourquoi celles-ci sont variables dans le temps, mais aussi dans notre éducation, notre religion et notre sphère familiale. Les valeurs sont intimes et privées. Celles-ci ne doivent pas être imposées aux autres et donc servir d’arguments au collectivisme allant dans le sens de l'utopie d’une société homogène et sans relief.
Ce mot « valeur », trop souvent instrumentalisé, dénaturé, ne peut encadrer ou encore protéger une société. En tant qu’individu, je ne partage pas nécessairement les mêmes « valeurs » que mon voisin, par exemple. C’est pourquoi je refuse que l’on m’associe dans un cadre de valeurs pseudo communes.
En tant que libéral, je tiens à rappeler toute la singularité de l’individu et la force progressiste qu’il en dégage. La force de la diversité, c’est la valeur ajoutée de la somme des individus à une société qui doit s’imposer dans un monde en constante évolution.
Être libéral, c’est être ouvert d’esprit, c’est ne pas tenir compte de l’origine, de la race ou encore de la religion. Ce que je tente de développer ici avec vous, c’est de différencier d'une part les valeurs et l’identité qui sont propres à chaque individu, et les fondements que sont l’égalité, le respect de la loi et l’humanisme qui sont eux universels et immuables.
Pour conclure, je ne peux que souhaiter la définition d'un projet qui nous rassemble tant au niveau social, qu'économique et éthique. C’est le rôle de notre génération, le fondement même du feu qui anime notre jeunesse.
Alexandre Larmoyer